Naissance de la France
L'histoire a toujours sévèrement jugé les rois mérovingiens et l'âge obscur qui prolonge la romanité tardive jusqu'à la renaissance carolingienne. Patrick J. Geary fait justice de cette image négative : Charlemagne et les siens avaient tout intérêt, pour légitimer l'usurpation, à inventer le concept de « roi fainéant ».
Le monde mérovingien fait revivre, en ses diverses dimensions, une époque multiple et féconde, mettant l'accent sur le rôle éminent des gens d'Église dans le jeu du pouvoir politique : pouvoir épiscopal, privilège de l'ancienne aristocratie sénatoriale, qui prolonge les idéaux de la romanitas et les frontières des civitates romaines ; pouvoir des moines qui, par vagues successives (monachisme martinien, provençal, irlandais, puis anglo-saxon), introduisent des formes de religion et d'organisation géo-politique nouvelles. Passionnante fusion de deux mondes, romain et barbare, l'âge mérovingien voit le sol se couvrir d'abbayes, et se modeler en même temps le paysage politique et culturel de ce qui sera un jour la France.