Une étude brillante sur la naissance de cette figure oubliée de l'histoire intellectuelle : l'écrivain et intellectuel catholique.
Au tournant des années 1910, s'affirme en France un mouvement de " renaissance littéraire catholique ". Nombre d'écrivains, parmi lesquels Francis Jammes, Paul Claudel et François Mauriac, s'unissent pour mettre leur œuvre au service de la religion et former ainsi une " armée catholique de la plume ". C'est cette histoire de la naissance et de l'affirmation de l'intellectuel catholique dans la période 1880-1935 qu'Hervé Serry restitue dans ce livre. Après avoir évoqué les racines du mouvement depuis la figure tutélaire de Chateaubriand et du Génie du christianisme, il montre comment, dans le contexte d'effervescence spirituelle de la fin du siècle, des intellectuels laïques s'engagent collectivement dans des polémiques sur la place du moralisme en littérature. Ces écrivains se heurtent à la fois au rejet du champ littéraire qui refuse de subordonner l'art à la morale religieuse, et aux pressions de la hiérarchie ecclésiastique, qui tente de limiter la liberté de création. Lorsqu'au début des années 1930 s'épuise le mouvement de " renaissance ", la condamnation de Charles Maurras prononcée par Rome en 1926 entraîne une redéfinition des enjeux et permet l'affirmation d'une parole critique au sein de l'Église. Il laisse la place à une figure de l'écrivain catholique désormais intégré dans le monde intellectuel fran-çais. Hervé Serry propose ici une étude brillante et originale de ces " oubliés de la vie intellectuelle " et des rapports qu'ils ont entretenus à l'institution ecclésiale. Ce faisant, il analyse les effets du processus de " privatisation " de la religion sur les intellectuels catholiques, la redéfinition des formes et des contenus de leurs engagements politiques et esthétiques jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.