Le 29 juillet 1881, est enfin obtenue, en France, la liberté
de la presse. Vers la même époque, le journal quotidien
se transforme en «média de masse». La presse devient
une industrie, son contenu et son prix se démocratisent.
Le Petit Journal, lancé en 1863, donne le la : en un quart
de siècle, ce premier quotidien à un sou passe de 60 000
à un million d'exemplaires. L'agence Havas devient la
plus importante agence d'information et de publicité en
France et, avec des associés (un temps rivaux), à Londres
et à Berlin, est qualifiée d'«usine à nouvelles».
Le journalisme se modifie ; une presse d'opinion, une
presse littéraire perdurent ; une presse d'information
et «la rage du reportage» prolifèrent. Les journalistes
s'affranchissent pour partie des servitudes politiques
traditionnelles. De nouveaux domaines d'investigation
font parfois la Une.
À l'orée de la guerre de 1914, quatre journaux à un sou - Le
Petit Parisien, Le Petit Journal, Le Matin et Le Journal -
dominent la presse quotidienne. La presse française est
presque aussi développée que ses homologues britannique
et états-unienne. Par sa maîtrise de la collecte, du
traitement, et de la diffusion de l'information, renforcée
par son ascendant sur le marché publicitaire en France,
Havas oeuvre dans l'ombre.
Comment ces entreprises se sont-elles formées ? Qui
sont ces journalistes, enfants de Michelet et de Victor
Hugo, de Balzac et de Zola, au service de l'actualité et
de l'homme pressé, des pouvoirs en place, mais aussi
des «petites gens» ? Comment Bel-Ami devient-il
Rouletabille ?
Fondé sur l'exploitation des archives de l'agence Havas,
de plusieurs journaux, des premières associations de
journalistes, et complétée par bien d'autres sources, ce
livre scrute une période dite de «l'âge d'or de la presse».