Ce livre présente un aspect méconnu et peu étudié de Napoléon : son activité d'historien. Celle-ci s'est principalement déployée à deux périodes cruciales de sa destinée : à l'aube de son existence, quand il se cherchait des modèles parmi les grands généraux de l'Histoire, puis au crépuscule de sa vie, quand l'Empereur déchu fut hanté par le besoin de se comparer à eux, se faisant l'historien de sa propre épopée. Apparaît alors une personnalité complexe, plus intuitive que cérébrale, et cherchant toujours, à tout prix, à se mettre en avant.
Le fruit de cette aventure historienne inachevée est constituée des brouillons de jeunesse, mais surtout des Mémoires qui, s'ils n'acquirent pas aux yeux de la postérité le statut d'ouvrage de référence dont jouit encore aujourd'hui le Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases, n'en demeurent pas moins plus authentiques et révélateurs de la personnalité du grand homme, car issus de sa plume, ou plutôt de sa bouche même.
La méthode historique qu'il élabore, appliquée aux généraux qui l'ont précédé ou à lui-même, se révèle d'une étonnante modernité, car héritière de la sobriété et de la rigueur voltairiennes qu'entacha, à la fin de son parcours, le désir de reformuler le réel à sa guise, le brillant historien s'effaçant alors au profit du grand homme et de la légende dorée dont il fut le premier à poser les jalons.