« On devrait entendre du jazz au milieu de l'océan Atlantique. Car les rêves américains en sont peuplés. De longs pianos recherchent la bonne note, celle qui racontera avec une précision étonnante l'histoire des désirs de tous les passagers. Bien évidemment il n'y a pas de pianos sur les cargos - ou alors enfermés dans un container et sans personne qui puisse en jouer. Il n'y avait pas de piano non plus dans ma chambre à Pise mais, vers la fin de mes études, il y avait un clavier. Dans le grand appartement où je vivais en colocation, j'avais à la fin pu prendre la plus grande pièce où il y avait assez d'espace pour passer des heures à essayer de retrouver des sons que j'avais écoutés sur des cassettes copiées dans la voiture d'un ami. La chambre était au rez-de-chaussée et ses grandes fenêtres non double-vitrées donnaient sur une grande avenue très bruyante. En face, on voyait le jardin Scotto et le Lungarno. Parfois, l'été, des chants anarchistes se superposaient à mes blues maladroits. »