Nègre. Que faire de ce mot tabou ? Surtout pas le
taire, mais l'interroger, pense Françoise Vergès, qui
retrace son destin chargé. Lire, par exemple, l'article
Nègre du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle
de Pierre Larousse. Republié ici, cet article d'un héritier
des Lumières exhume un racisme brut, qui perdure
de nos jours. Mais se borner à s'indigner serait stérile.
«Il faut d'abord comprendre comment le "blanc"
est devenu une couleur qui s'est parée du masque de
l'universel mais qui opère comme une ligne de partage.»
Puis «Noirs» et «Blancs» devraient ensemble questionner
les mémoires et les contradictions des uns et
des autres, engager des luttes pour l'égalité. «Ce sont
ces passerelles qui affaibliront la ligne de couleur»,
conclut Françoise Vergès, et qui permettront, en la
dépassant, «d'inventer une démocratie post-raciale.»