Nélida est le roman, fort autobiographique, que Marie
de Flavigny, comtesse d'Agoult, publie sous le pseudonyme
de Daniel Stern, en 1846, dans lequel elle raconte sa
liaison féconde et tumultueuse avec le compositeur Franz
Liszt. Elle y paraît sous les traits de Nélida, mariée très
tôt à un homme qu'elle n'aime pas ; lui devient le peintre
Guermann Régnier qui découvre en elle une égérie. Dans
ce roman dont, à l'époque, tout le monde perçut les clés,
Daniel Stern, plutôt que de relater des faits, ausculte l'âme
d'une jeune femme blessée au plus profond de son être
pour avoir trop cru à l'amour. Encore aujourd'hui, l'analyse
de la passion, le vertige qui prépare l'abandon, la
finesse des notations psychologiques frappent le lecteur
avec une force inaltérée. Et, comme dans les oeuvres de
George Sand, l'authenticité des accents dépasse largement
du cadre convenu des romans qu'écrivaient alors
les femmes du monde.
En 1835, Marie d'Agoult quitta son mari et sa famille pour retrouver
Franz Liszt à Bâle. De leur rencontre à leur séparation, plus
de dix ans s'écoulèrent. Ensuite, Marie se consacra à la littérature.
Dans son salon très renommé, se côtoyèrent artistes, musiciens,
écrivains et hommes politiques.