Les recherches fondatrices en sociolinguistique concluent le
plus souvent que l'usage des femmes est plus normé que celui des
hommes et lient ce phénomène au conservatisme des femmes ou à
leur souci d'afficher leur statut social. Ces recherches, datant des
années 60 et 70, ont été largement contestées, tant pour leurs
interprétations que sur le plan méthodologique. Qu'en est-il
aujourd'hui ? La variation sexolectale existe-t-elle encore dans le
monde occidental où les rôles de chacun des sexes se redéfinissent
et où l'image des hommes et des femmes se re-fonde ? Y-a-t-il un
reflet, dans le langage, de l'identité sexuelle ? Si oui, peut-il être lié
à des réalités sociales, c'est-à-dire par exemple au fait qu'à emploi
équivalent, les femmes ont souvent un niveau d'études supérieur à
celui des hommes ?
C'est à ces questions que «Ni d'Eve ni d'Adam» tente de
répondre, par le biais d'une vaste recherche en sociolinguistique
variationniste portant sur le français, langue très absente dans ce
champ d'études. Il offre ainsi au lecteur une vue large de la variation
sociale et sexolectale, et questionne à nouveau la différence
sexuelle en constatant avant toute chose son faible impact sur le
parler actuel.