L'immense mérite de Müller-Lauter tient à ce que pour la première fois peut-être, dans l'histoire déjà longue pourtant de la critique nietzschéenne, s'est mise en place avec ces travaux une lecture véritablement non dogmatique de Nietzsche : non dogmatique car scrupuleuse, rigoureuse sur le plan philosophique, strictement immanente, qui s'interdit d'importer dans (plus encore d'asséner sur) la pensée de Nietzsche, pour en forcer l'accès, des éléments de doctrine, voire des thèses qui n'y sont pas et ne peuvent pas y être - procédé caractéristique de ce que Nietzsche a lui-même théorisé sous le terme de « manque de philologie ».
Patrick Wotling