Nietzsche, le sujet, la subjectivation
Nietzsche est souvent perçu comme un philosophe de la critique du « moi », qui entreprend d'évacuer le sujet souverain pour en faire un simple effet des rapports entre les volontés de puissance. L'ambition de ce livre est de montrer qu'une telle vision est incomplète. Il y a dans l'oeuvre de Nietzsche, et particulièrement dans son dernier livre, Ecce Homo, une forte pensée de l'individu et du rapport à soi qui, loin d'éliminer le problème de la subjectivité, le pose à nouveaux frais.
Ce livre procède en deux temps. Tout d'abord, il revient sur l'ensemble du corpus nietzschéen afin de distinguer les différentes critiques que Nietzsche adresse aux notions de « moi », d'individu, de sujet, et fait apparaître les perspectives ainsi ouvertes. Il s'intéresse ensuite plus particulièrement à Ecce Homo. En convoquant les pensées d'auteurs comme Foucault, Deleuze ou Simondon, il interprète ce dernier ouvrage comme l'effectuation d'un mode de subjectivation inédit : une nouvelle manière de se rapporter à soi et d'en faire le récit. Il tente alors d'analyser ce « moi » spécifiquement nietzschéen, et d'en repérer tant le mode d'apparition que le régime d'action et d'existence.