L'univers de Ninive est aussi prenant, original, tragique que
drôle. Ces qualités, l'héroïne du roman en hérite : Katya, la
trentaine, vit au Cap dans une maison qui se fissure. Avec
son entreprise de dératisation-désinsectisation, elle n'éradique
pas, elle délocalise. Chenilles, geckos, pigeons,
serpents, tous elle les déplace. Dans un monde chaotique,
elle veut maintenir un ordre «humain» et «alternatif»
et y trouver une place, elle dont les racines sont si peu
profondes.
La nature dans ce roman n'est pas seulement belle et
puissante, elle est bien souvent révélatrice des démons
intérieurs des personnages, de ceux de Katya en particulier.
Le regard que Katya porte sur elle-même, sur sa
famille et sur le monde est lucide, insolite, captivant. Et
tendre, malgré la violence.
Ce premier roman traduit en français d'Henrietta Rose-Innes,
au ton aussi impertinent qu'empathique, confirme la
réputation de cette Sud-Africaine comme l'une des jeunes
voix les plus remarquables de la littérature très riche et
vivante de son pays. Elle a figuré deux fois parmi les finalistes
du Caine Prize qu'elle a remporté en 2008.