Noires - parce que certaines heures de la vie le sont, et qui plus est amères, comme les nouvelles dans ce livre rassemblées. Mais aussi parce que les textes en question - auxquels j'ai choisi de joindre le récit d'une enquête sur l'histoire vraie la plus mélancolique que je connaisse, celle de la belle Tina - constituent, par la légèreté cristalline du désespoir qui les habite, une sorte d'hommage : celui que, depuis longtemps, j'aspirais à rendre au film noir (de toutes les formes d'art issues du XXe siècle, celle qui m'a procuré les plaisirs les plus vifs). Et, au-delà, au grand mouvement esthétique (toujours largement incompris) dont ce genre est issu : l'expressionnisme allemand. Dit à l'envers : noires - parce que, sans l'improbable rencontre de l'amour, toute vie ne serait qu'amas d'instants perdus.
Ch. D.