Noires blessures
Mamad tente d'ouvrir les yeux, mais il n'y parvient pas. Ses paupières, gorgées de sel et de sang, refusent d'obéir à son cerveau. Un goût d'hémoglobine traîne sur ses lèvres sèches et bouffies. Le Blanc est méconnaissable. Une épaisse écume blanchâtre auréole les commissures de ses lèvres. Les veines de son cou tendues à se rompre. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front, qu'il essuie du revers de sa manche retroussée, entre une calotte et une autre. Mamad n'a plus la force de crier. Du regard, il implore pitié. Mais le Blanc cogne tel un forcené, tout en crachant ses injures.
Laurent Kala, un Français expatrié, est employé par une ONG qui milite pour la protection des animaux en voie de disparition. Benjamin d'une famille nombreuse. Mamad White a connu une enfance difficile. Il a pensé un temps pouvoir échapper à sa condition précaire, mais le destin en a fait le boy de Laurent.
Un fait apparemment banal entraîne le Blanc au bord de la folie. Le voilà, quelque part dans la jungle africaine, sur le point de tuer son domestique noir. Comment les deux hommes en sont-ils arrivés là ?
À la fois grave et plein d'humour, le roman de Louis-Philippe Dalembert dresse des portraits émouvants d'hommes et de femmes accrochés à leur humanité, au milieu des relents de racisme et de colonialisme.