La Question de Dieu se présente aujourd'hui de façon plus
neuve, comme si la tendance était de reprendre possession
de problèmes essentiels que la religion a confisqués pour les
gérer à sa façon. «Dieu» serait donc une Question trop
sérieuse - ou trop drôle - pour être laissée aux religieux qui
d'ailleurs ne semblent pas si heureux que ça de la gérer. Les
autres, les athées, croient l'écarter par le silence, l'indifférence,
et voilà qu'elle les rattrape au détour des générations («Papa,
c'est qui, Dieu ?...»). En temps de crise, aussi : comme
aujourd'hui, quand des tours s'effondrent.
Il nous a donc fallu revoir pourquoi l'idée de Dieu, dans
l'étroit monothéisme, est une bombe à retardement. Avant de
voir comment chacun se fait son Dieu ou se fait à Dieu. La
question n'est pas de savoir quel est le bon (en un sens, «y a
pas de bon Dieu»...) ni ce que chacun met à cette place ; mais
de comprendre de quoi est fait l'emplacement du divin. Que
nomme donc ce Nom de Dieu ? Et pourquoi est-ce un juron ?
Comme s'il pointait le fait d'être à bout, aux limites de sa vie.
Comme si Dieu n'était qu'une limite...
Au terme de ce livre, chacun pourra parler de Dieu comme
d'une question qui lui est propre, singulière, sans crainte
d'être «fusillé» comme religieux ou comme athée.