Dans ces conversations avec la poétesse Ellen Hinsey, Tomas Venclova se remémore son existence et nous offre un panorama unique de la seconde moitié du XXe siècle en Lituanie et en URSS. Qu'il évoque ses amitiés ou des questions de poésie, qu'il parle de l'exil aux États-Unis ou de l'histoire de l'Europe de l'Est, il y fait preuve de tant d'intelligence et d'humour que le lecteur est emporté. Ce sont ici des pages inoubliables sur la Lituanie de son enfance, sur l'URSS de l'après-Staline et sur la grande épopée du samizdat, nous donnant à voir la vie des dissidents, entassés dans de petites piaules pour entendre un poète, mais aussi pour chanter, boire et discuter sans fin. Il les a tous connus : Akhmatova, Brodsky, Milosz, mais aussi Nadejda Mandelstam et Boris Pasternak.
Enfant, Venclova a vécu l'occupation de son pays - d'abord par les Soviétiques, puis par les nazis. Dès le lycée, ce fils d'un dirigeant du Parti communiste est dans le collimateur des agents du KGB. Et il ne les décevra pas. En 1976, il sera l'un des fondateurs du groupe d'Helsinki de Lituanie pour les droits de l'homme, avant de prendre, l'année suivante, le chemin de l'exil.