1909, Constantinople. L'Empire ottoman est en crise, deux camps
s'opposent : les révolutionnaires jeunes-turcs progressistes ; les islamistes
contre-révolutionnaires. Marcelle Tinayre devient alors le
témoin privilégié de ces affrontements.
Ces violents bouleversements, au terme desquels le sultan Abdülhamit
II sera déposé, permettent également à l'auteure de tracer
le portrait d'une société en mutation. La romancière entre dans les
harems, assiste à des mariages, visite des hôpitaux, des écoles. Ce
qu'elle découvre devient la matière sensible de ses écrits. Marcelle
Tinayre excelle dans la représentation imagée, où tous ses sens sont
en éveil, avec une simplicité et un naturel qui lui sont propres.
Grâce à cette proximité et à cette empathie offerte, confiantes, les
femmes turques lèvent le voile sur leur quotidien d'épouse, de mère
ou de fille. Certaines lui confient même leurs espérances, comme
si la révolution n'était pas qu'une chimère, que la chute du sultan
ouvrait une nouvelle ère d'émancipation.