... Ce sont deux personnes qui courent dans deux directions opposées, l’une très vite, l’autre très lentement : finissent-elles par se retrouver ?
... Vu de loin, la première personne donne l’impression de poursuivre la deuxième : on dirait que la deuxième essaie de ne pas faire remarquer à la première qu’elle a vu qu’elle le poursuivait.
... Vu de loin, on dirait qu’ils font tous les deux de grands gestes. (En fait, ce ne sont pas eux ?)
... Vu de loin, on ne voit pas leur visage : l’un pourrait être l’autre. — Arrivera bien ce moment d’ailleurs, où les rôles s’inverseront, où ce ne sera plus le même qui aura le soleil dans le dos et qui demandera quelle histoire l’autre se racontait.
... Vu de loin, on dirait presque qu’ils se touchent mais aucun des deux ne s’en rend compte. (Ou bien ce ne sont pas eux ?)
... Vu de loin, on a l’impression qu’ils apparaissent, qu’ils disparaissent, qu’ils réapparaissent.
... Vu de loin, on dirait qu’ils cherchent un avion perdu, ils regardent sous les pierres.
... Vu de loin, on dirait qu’ils s’écrivent, en fait, ils crient : SURTOUT, NE DÉCRIS PAS LA MER, CE N’EST PAS LA PEINE, JE VAIS PASSER DEVANT, MOI AUSSI. J’AI PLUS ENVIE DE RACONTER UNE HISTOIRE D’AMOUR, MAIS JE N’EN AI PAS LA MOINDRE IDÉE. LE PREMIER ARRIVÉ VA AU-DEVANT DE L’AUTRE OU BIEN RETOURNE SUR SES PAS OU BIEN REPENSE AU CHEMIN PARCOURU. SI J’ARRIVE LE PREMIER, TU M’ATTENDS ? ON POURRA REMETTRE LA MUSIQUE AUTANT DE FOIS QU’IL NOUS PLAIRA. LE PREMIER TROUVÉ OUVRE LES YEUX. QU’EST-CE QUE TU FERAIS SI TU AVAIS QUINZE SECONDES ? TRENTE ? CINQUANTE-TROIS MINUTES ? (SACHANT QU’UN BATEAU MET PRESQUE UNE SEMAINE POUR TRAVERSER L’OCÉAN).
... Vu de loin, on dirait qu’ils veulent dire par où ils sont passés.
... Vu de loin, on a l’impression qu’ils ouvrent les yeux dans l’eau. CE SONT DEUX PERSONNES QUI COURENT DANS DEUX DIRECTIONS OPPOSÉES, L’UNE TRES VITE, L’AUTRE TRES LENTEMENT, JUSQU’À L’OCÉAN.
Pascale Petit