On nous répète à l'envi que le monde serait devenu de plus
en plus complexe et indéchiffrable. À l'ordre de la Guerre
froide aurait succédé un nouveau désordre géopolitique
menaçant de sombrer dans le «chaos». Affaiblissement des
États-Unis, émergence de nouveaux géants économiques,
irruption des prétendus «États voyous» et d'organisations
terroristes incontrôlables : autant de sujets d'inquiétude
nourrissant parfois la nostalgie d'un ordre ancien... qui
n'a pourtant jamais eu la stabilité qu'on lui prête.
Dans cet ouvrage tranchant, Bertrand Badie rompt avec
les explications paresseuses ou consensuelles. Il nous
rappelle que nous ne sommes plus seuls au monde, qu'il
est temps de se départir des catégories mentales de la
Guerre froide et de cesser de traiter tous ceux qui contestent
notre vision de l'ordre international comme des
«déviants» ou des «barbares». Il interpelle la diplomatie
des États occidentaux, qui veulent continuer à régenter
le monde à contresens de l'histoire, et en particulier celle
d'une France qui trop souvent oscille entre arrogance,
indécision et ambiguïté.
Le jeu de la puissance est grippé. L'ordre international
ne peut plus être régulé par un petit club d'oligarques qui
excluent les plus faibles, méconnaissent les exigences de
sociétés et ignorent les demandes de justice qui émergent
d'un monde nouveau où les acteurs sont plus nombreux,
plus divers et plus rétifs aux disciplines arbitraires.
Pour cette raison, cet ouvrage offre aussi des pistes
pour penser un ordre international sinon juste, en tout cas
moins injuste.