Tome 12 des treize volumes du Voyage au Régions Équinoxiales du Nouveau Continent de A. de Humboldt et A. Bonpland
À La Havane comme partout où le commerce et la richesse qu’il produit prennent un accroissement rapide, on se plaint de l’influence nuisible qu’exerce cet accroissement sur les vieilles mœurs. Ce n’est pas ici le lieu de comparer le premier état de l’île de Cuba couverte de pâturages avant la prise de la capitale par les Anglais, et son état actuel depuis qu’elle est devenue la métropole des Antilles ; ce n’est pas le lieu de mettre en balance la candeur et la simplicité des mœurs d’une société naissante avec les mœurs qui appartiennent au développement d’une civilisation avancée. L’esprit du commerce amenant le culte des richesses, porte sans doute les peuples à déprécier ce qu’on ne peut obtenir pour de l’argent. Or l’état des choses humaines est heureusement tel que ce qu’il y a de plus désirable, de plus noble, de plus libre dans l’homme, n’est dû qu’aux seules inspirations de l’âme, à l’étendue et à l’amélioration des facultés intellectuelles.