L'ouvrage n'est pas une exégèse du mouvement surréaliste à partir de l'exil outre-Atlantique, mais une
contribution au renouvellement de son étude concernant les années d'après-guerre. Certes, l'auteur
décrypte les transformations et les mutations du surréalisme dans le contexte littéraire et artistique
américain, mais il étudie aussi la prise en compte des philosophies fouriéristes, ésotériques et alchimiques
dans sa quête tournée vers le fondement d'un nouveau mythe. La problématique adoptée met
ainsi en évidence la poursuite du surréalisme aux États-Unis, puis en France, sous une forme insoupçonnée
et souterraine, désormais dédiée à la veille et à la critique du système. «Le surréalisme n'est sans
doute pas mort, écrit Bataille dès 1945, s'il a souvent des formes discrètes [...] Il ne domine pas moins, sans
doute même domine-t-il davantage le temps présent que l'entre-deux-guerres.»
Cet éclairage inédit permet de révéler la prégnance du mouvement et la persistance de sa vocation à
remodeler la sensibilité contemporaine. Si la disparition «annoncée» du surréalisme remonte à la
parution de l'Histoire du surréalisme (1945) de Nadeau et à celle de la Situation de l'écrivain de Sartre
(1947), elle restera pour les historiens de l'art un fait établi jusqu'à nos jours. L'auteur laisse plutôt entrevoir
le surréalisme des années 1945-1969 comme ayant été une phase de mise au secret, qui réclame
aujourd'hui une relecture complète des enjeux et certitudes de l'histoire.