Un «amateur», pourvu qu'il soit attentif aux idées, peut
tirer, même d'une approche superficielle de ces textes
difficiles - sans lesquels il n'y a plus de judaïsme mais
dont dès l'abord le langage et les intérêts semblent si
étrangers que nous, juifs d'aujourd'hui, avons quelque
peine à les revendiquer -, des suggestions essentielles
pour sa vie intellectuelle, sur des questions qui inquiètent
l'homme de toutes les époques, c'est-à-dire l'homme
moderne.
E. L.
Du Talmud, Lévinas ne se considérait nullement comme
l'un des maîtres, et ses «scrupules» l'amènent à nouveau
à s'en dire un simple «amateur», dans toute la
dimension amoureuse du terme. Plus que jamais dans
les trois leçons qui composent l'ouvrage, il met en scène
la rencontre qui aura constitué sa propre vie philosophique
: celle de la Grèce et de Jérusalem, symbolisée ici
par le commentaire de l'étonnant dialogue entre
Alexandre de Macédoine, disciple d'Aristote et archétype
de l'État, et les «sages du Néguev», les rabbins.
Les leçons talmudiques, soigneusement réécrites par
l'auteur, ont pour origine des conférences prononcées
lors des colloques des intellectuels juifs de langue française.
Cependant, exceptionnellement, on trouvera dans
ce volume une leçon faite devant le Consistoire central,
une des instances dirigeantes du judaïsme français, et
donc face à une assistance plus avertie.
Nicolas Weill, Le Monde