«Qu'est-ce pour vous que la
poésie ?» demandait-on un
jour à Antonella Anedda. Et
telle fut sa réponse : «C'est ma réalité,
enfoncée dans ma vie : c'est une racine,
et parfois une lame.» Une racine qui
la relie à la totalité de la terre et du
cosmos, aux vivants et aux morts, à la
parole même de ce qui semble ne pas avoir de voix. Et une lame
qui ouvre au monde, annonce une blessure, mais devient aussi
l'emblème du tranchant de la poésie. La force d'un livre comme
Nuits de paix occidentale (1999) semble tenir à une tension toujours
renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale
retenue où le chant révèle sa part d'ombre et de silence, et un
élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans
l'incandescente offrande de parole.