À l’origine d’un regain du féminisme, le mouvement MeToo nourrit depuis 2017 une série de vagues d’indignation qui touchent toutes les sphères de la société. Déferlant sur les réseaux sociaux, les messages de colère contre les violences faites aux femmes ont frappé l’opinion publique, gagné les grands médias, bousculé l’agenda politique et conduit à de nouvelles mesures législatives et judiciaires. Ils se sont peu à peu étendus à d’autres causes bouleversant les institutions et les professions. En ligne, les féminismes contemporains réactualisent ainsi des combats anciens pour l’égalité des droits et ouvrent de nouveaux champs de subversion autour de la sexualité, des discriminations de genre et de race. L’ouvrage, qui s’appuie sur une observation qualitative de collectifs et d’autrices indépendantes, propose une plongée dans le foisonnement du web féministe et dans ses retombées médiatiques et sociopolitiques. Le numérique est, en effet, une caisse de résonance et un levier de mobilisation. Expertes dans le recours aux dispositifs du web, les activistes produisent une multitude de contenus créatifs, s’approprient de nouvelles formes culturelles et témoignent des transformations sociales ainsi que de l’évolution des mentalités. La trame des féminismes est retissée à l’aune des évolutions technologiques et sociétales. Le numérique a permis aux féminismes de changer d’échelle et de sensibliser un grand nombre de femmes non engagées. Toutefois, les rapports de domination patriarcale persistent dans toutes les strates de la société, la high-tech étant une chasse gardée quasi-exclusive des hommes. Le nouvel élan féministe, irriguant le web et d’autres espaces sociaux, marque néanmoins une étape cruciale de l’émancipation des femmes.