L'humanisme est-il cantonné dans la rhétorique ? Ne peut-il
avoir qu'un fondement métaphysique ? Le recours aux
Anciens est-il le signe d'un manque d'originalité ?
Jean Pic de la Mirandole (1463-1494), le plus grand philosophe
de la Renaissance italienne, propose sa propre réponse,
en inventant une nouvelle manière de penser l'essence de
l'homme. Pour lui, la dignité de l'homme ne réside pas dans
sa nature close, ou dans son statut de microcosme, mais dans
l'exercice de sa liberté. Parce qu'il n'a rien en propre, l'homme
peut devenir toutes choses, et se définir lui-même par ses propres
choix. Il est ainsi l'image de Dieu.
L'étude des transcendantaux, le dépouillement des passions,
l'interprétation de l'Écriture et de toutes les sagesses culminent
dans la béatitude, fruit d'une liberté humaine comblée
par la générosité divine. L'humanisme s'inscrit alors dans un
cadre théologique renouvelé : au-delà de la métaphysique,
mais en dialogue avec elle.
Dans son oeuvre très cohérente, Pic atteste que la dignité de
l'homme passe toutes les formes d'humanisme. Au lieu de
contenir l'homme dans une définition ou dans une représentation,
il le rend à sa liberté native.
O. B. et G. T.