Après avoir publié en 1930 un premier recueil de poèmes en alémanique, Sundgäu, Nathan Katz (1892-1981) attendra un quart de siècle avant de faire paraître un second volume dont le titre, O loos da Rüef dur d'Gàrte...., symbolise à lui seul toute la force de suggestion de la langue de son Sundgau natal.
Oh écoute, dans les jardins, cet appel... La poésie de Nathan Katz est, avant tout, écoute, contemplation. On croit entendre à chaque vers le silence des prairies et des vergers, et ce silence nous est proche, fraternel. Il nous parle, comme à l'enfant, d'une même vie, d'un même destin communs à toutes les réalités du monde : « La vie immense / C'est elle, là, puissante, partout présente, / la vie sans fin jamais. / C'est la vie, la grande mer tumultueuse / qui se déroule à travers l'éternité. »
Il y a dans le regard de Nathan Katz une force purificatrice qui rend à toutes choses leur beauté et leur noblesse. La dimension tragique et sombre de l'humanité, il ne l'élude pas, bien au contraire. C'est de là que tire son origine ce « combat pour la joie de vivre » qui, depuis son internement dans les camps russes de juin 1915 à août 1916, fait tout le sens de son écriture : « Ils sont rares, écrit Jean-Paul Sorg, les hommes qui ainsi élèvent, sans violence, par la seule exigence de noblesse qu'ils incarnent, imposent et transmettent, ceux qui s'approchent d'eux. [...] Sa poésie est expression de la joie ou expression de la pitié, et rien de plus. Ce qu'a toujours été la poésie authentique, essentielle, depuis les premiers Grecs. »