À l'aube de la quarantaine, Antal Szerb avait écrit cette farce politique loufoque, qui est tout aussi bien une fable existentielle. Oliver VII contient, comme de juste, une morale - ou plutôt, à dire vrai, plusieurs. À chacun de choisir la sienne ! Le Monde diplomatique
–; Depuis qu'il a quitté l'Alturie, il se trouve que le roi n'est accessible que par mon intermédiaire. C'est moi qui ai initié sa Majesté aux secrets de la vie, confia Saint-Germain avec un sourire subtil.
–; Alors, droit au fait : je suis un homme d'affaires. En haut lieu, on n'aspire qu'à voir Oliver VII reconquérir le trône et signer l'accord qui était prévu avec la Nordlande et moi-même.
–; Naturellement, M. Coltor. Nous avons reçu, aujourd'hui, un rapport de notre correspondant en Nordlande.
–; De Nordlande ? Alors la princesse Ortrud se trouve au Lido, également incognito ?
–; Effectivement, elle est ici.
Sandoval prit peur. Où Saint-Germain allait-il dégotter une princesse ? Stupéfait, il ne dit mot.
–; C'est magnifique ! marmonna le comte. Une partie royale commence, Sandoval. Nous allons arnaquer le plus grand escroc qui soit sur Terre.
–; Et qu'y a-t-il à gagner ?
–; Pour l'instant, je n'en sais rien. Nous aurons le temps de penser plus tard à ces détails matériels. Mille possibilités se bousculent dans mon esprit. Mais l'essentiel, jeune homme, c'est la beauté et le plaisir du jeu.
Un roi qui ne voulait pas être roi, mais qui comprit que L'histoire nous enseigne que les rois doivent simplement partir de temps en temps en voyage, tout comme les maris, afin qu'on ne se lasse pas d'eux.
Venise, la fantaisie, le rire telles des bulles de champagne, et une pointe de
Lubitsch Touch : c'est ce que nous offre l'irrésistible
Oliver VII d'Antal Szerb.