Mercier : Je préfère votre dévotion à Rousseau quand elle est du côté Promeneuse solitaire. Vos lettres vous mettent vraiment en danger.
Olympe : J'ai pris un pseudonyme.
Mercier : Choisi pour être reconnu, l'anagramme Polyme ne trompe personne, et l'on fait mieux pour passer inaperçue, que d'écrire ce genre de mot doux au premier homme du pays.
Olympe : Bien en dessous de la vérité.
Mercier : Votre lettre à Marat se retourne contre vous, depuis qu'il a été assassiné, c'est un martyr adulé, un saint, un dieu. On n'écrit pas d'un dieu qu'il est un insecte vil, un rongeur ennemi de l'ordre, qui vit libre dans la société dont il est le tyran et le fléau. Ou alors on finit très très mal, la tête au bout d'une pique. Arrêtez, je vous en prie.
Olympe : Comme il est doux de vous voir supplier, le feriez-vous à genoux, cher amour de papier ?
Mercier : S'il le faut.
Olympe de Gouges, figure flamboyante de la Révolution française, mène une vie de femme, de mère et d'auteur qui scandalise son époque. Première à être jouée à la Comédie-Française avec sa pièce sur les nègres et sa dénonciation de l'esclavage, elle propose des réformes sociales et politiques que l'Histoire retiendra. Elle se bat pour l'abolition de l'esclavage et le droit de vote des femmes.
Enfant illégitime, figure d'amour et de révolte, cassandre révolutionnaire, elle sera décapitée sous la Terreur en novembre 1793.
Sa parole, contemporaine, courageuse et authentique, permet d'aborder des questions propres à notre temps, d'en comprendre les ressorts et enjeux, et d'y chercher de vraies propositions de dialogue et de paix.