Le retour d'un géant
La contribution à l'histoire mondiale de la pensée du seul Khayyam (1048-1131) suffit pour incarner l'universalisme de la langue persane. Le poids de sa poésie écrase la perversité des représentants de l'obscurantisme et il marque son passage par l'annonce d'un néant absolu et d'une réminiscence redoutable : nous sommes des enfants de la vie en vivant la mort. Khayyam est un phare du patrimoine humain, celui qui possède l'art d'exprimer en deux mots l'énigme de toute une galaxie. Il est l'âme de la culture persane, sa gloire et son honneur, il est aussi la béance d'une chute, l'origine d'un monde en ruine, un versant de la décadence et un modèle de réflexion pour former un monde après l'avoir détruit. La lecture de Khayyam va au-delà de la morale et, tout en nous donnant la joie de vivre et en nous faisant saisir l'instant éternel, elle nous surprend et pulvérise les strates de nos pensées. Le retour à son oeuvre est l'occasion d'apprécier un géant vertueux qui, la plume dans une main, cache ses larmes de l'autre.