Ombres de Chine est né pour André Markowicz d'une
double stupeur - sa découverte de la guerre civile qui a
ravagé la Chine en 755 et anéanti la moitié de sa population,
et celle de mots-à-mots de poèmes Tang (VIIe-IXe
siècles) : pas de conjugaison, pas de modes, pas de
pluriel, pas de genre... Pour un traducteur ignorant le
chinois, chaque poème est un appel à l'interprétation.
Le résultat est là : quatre cent un poèmes, notre miroir
le plus lointain et le plus proche.
«J'ai décidé de m'approcher de ces poèmes par le seul
moyen que j'avais : non pas apprendre le chinois - ce
qui m'aurait demandé vingt ans pour n'ajouter, dans
le meilleur des cas, qu'une interprétation aux dizaines
d'interprétations déjà existantes et dues, elles, à des
érudits prodigieux - mais, à partir de toutes ces interprétations,
des mots-à-mots les plus divers et des autres
traductions, dans toutes les langues que je suis capable
de lire (le russe, l'anglais, l'italien, l'espagnol en outre
du français), d'essayer d'approcher ce continent flottant.
Ce continent d'ombres, grandioses et fluctuantes
qu'est, pour celui qui s'en approche comme moi, candidement,
la poésie chinoise.»