Par un froid matin de novembre, un jeune musulman intégriste, Mohammed Bouyeri, assassina en plein Amsterdam le célèbre et controversé cinéaste Theo van Gogh, arrière-petit neveu de Vincent et icône européenne de la provocation, pour avoir réalisé un film qui «blasphémait» à ses yeux l'islam. L'écrivain Ian Buruma souhaitait trouver un sens à tout cela, s'il existe, et aspirait à comprendre quelle signification plus large devrait être tirée de ce sinistre épisode.
Ce meurtre, comme la fatwa lancée contre Salman Rushdie, comme les attentats de Madrid et Londres, et les protestations des musulmans du monde entier contre les caricatures du Prophète, a révélé des conflits qui menacent la fabrique sociale des nations européennes. Quel meilleur théâtre pour comprendre ces enjeux considérables que les Pays-Bas, où la liberté est venue d'une révolte contre l'Espagne catholique, où l'idéal de tolérance est un symbole national, et où l'islam politique a frappé un homme dont la conviction était que la liberté d'expression incluait la liberté d'insulter?
En retraçant les vies tragiques de la victime et de son meurtrier, ce perdant radical, pour citer Hans Magnus Enzensberger, Ian Buruma a écrit l'histoire exemplaire de notre temps.