Dans les marges paranoïdes d'une Amérique hantée par ses simulacres, l'art vidéo de Tony Oursler nous révèle sur un mode satirique les symptômes d'une aliénation terrible: le «devenir-mass media» du monde. Ses premières bandes vidéos, limitées au simple écran, bricolées avec les moyens du bord, se présentent comme des saynètes grotesques décapant le vernis culturel, bon marché et craquelé, d'une classe moyenne perçue comme névrotique. Aux théâtres cauchemardesques des débuts, dénotant la fêlure schizophrénique de cette société écartelée entre son puritanisme et sa morbidité, succèdent les impressionnantes poupées-vidéos qui constituent sa principale trouvaille. C'est à son goût anticonformiste pour l'expérimentation que Tony Oursler doit d'avoir été le premier vidéaste à concevoir son médium comme un dispositif scénique ayant une histoire spécifique, bien antérieure à l'âge électronique puisqu'il la fait remonter aux lanternes magiques du Moyen-Âge et aux fantasmagories du dix-neuvième siècle.