« Que faisons-nous quand nous existons avant que de penser et de vouloir ? » Cette question posée dès l'introduction de l'ouvrage, en donne le ton. Certaine philosophie moderne (Hegel, Marx, Nietzsche, Sartre) place toute la dignité de l'homme dans son agir, dans son activité. Mais n'y a-t-il pas une activité plus intérieure, fondement de toutes les autres : l'acte d'exister ? L'existence, loin de se réduire à un fait, à une donnée brute ou imposée dont il n'y aurait rien à dire (pensée grecque) ou qu'il faudrait récuser (Sartre), est un acte, une activité-source. Certes, cette existence nous est donnée (Heidegger), mais pour nous être appropriée ; donnée à tous les êtres et coeur de leur dignité - personnelle dans le cas des humains -, elle est en même temps le fondement de leur communion universelle.
Reprise de l'ontologie de saint Thomas, mais qui, passée au filtre des philosophies moderne et contemporaine, s'en trouve approfondie. On signalera en particulier l'originalité du plaidoyer pour une philosophie de l'histoire différente et plus profonde que les « philosophies anthropocentriques de l'histoire ». Poursuite d'une philosophie chrétienne d'inspiration en même temps qu'authentiquement rationnelle : l'être reçu et approprié est fondement et symbole de la grâce.