Salomon Reinach, philologue et archéologue français, a contribué à la fondation du Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye ; sa vie durant, il écrivit des ouvrages sur la sculpture, la peinture grecque et romaine, ainsi que de nombreux essais relatifs aux cultes, aux mythes et aux religions. Orpheus (1909) est le résultat d'une commande ministérielle. L'Education Nationale devait refuser cet ouvrage, considérant que la présentation des religions comme un phénomène naturel allait à l'encontre de la morale commune : paradoxe significatif d'une école se réclamant de la laïcité. Sigmund Freud, dans Totem et Tabou, se réfère constamment à cette œuvre qui s'est efforcée de mettre en évidence la communauté des rites sacrés chez les anciens peuples d'Europe. Jacques Lacan est amené, au cours de son séminaire, à utiliser les hypothèses de Reinach sur l'écriture et le caractère archaïque de la civilisation occidentale. Orpheus ne cesse donc d'entretenir la curiosité, peut-être moins dans l'idée d'une exactitude historique, que dans une perspective anthropologique.