«Dans les ténèbres, la perle se mit à luire faiblement. Ostreia l'éleva
à la manière d'une chandelle pour éclairer son chemin. Elle suivait
le lit d'un ancien ruisseau asséché. Sur le sol, des pierres poreuses
s'entassaient parmi un tissage aranéeux de racines empêtrées de
mèches pelucheuses et livides. Les rives étaient encombrées d'un
fouillis de ronces et de fourrés voisinant avec des arbres courts et
trapus à l'écorce crapaudée dont plus aucun ne portait la moindre
feuille depuis des siècles. Il se dégageait de ce lieu une grande
malveillance. Au-dessus de sa tête, des branches crochues se
tenaient en embuscade, comme si elles n'attendaient qu'un ordre
pour se saisir de l'intruse. Plus elle s'enfonçait dans la forêt, plus
l'air devenait lourd, vicié, chargé de miasmes et d'odeur de vase.
Une buée tiède et poisseuse montait du sol...»