Le ciel se consumait sur notre gauche, des chapelets de petits nuages se suivaient en une procession lente, le chant des oiseaux prenait de l'ampleur pour accompagner la chute du soleil. Les insectes bourdonnaient avec audace, des nuées de moucherons stationnaient à un mètre au- dessus du bitume et nous aimions les traverser en fermant les yeux et la bouche. Comme chaque soir d'été, le monde refluait dans sa tiédeur, la tonitruance se mettait en veilleuse pour nous laisser savourer les sons du crépuscule qui s'annonçait, ces bruits de rien qui donnaient à eux seuls l'envie de revivre une autre journée sur terre.
Été 1987, Corrèze. Johanna, Franck, Vincent et Christophe se connaissent depuis toujours et forment une bande que rien ne peut séparer. Un dimanche d'août, quittant les rues de leur village pour rejoindre la forêt, ils découvrent un paradis coupé du monde, où ils sauront épuiser l'oisiveté de leur adolescence. Au même moment, en région parisienne, deux jeunes amis braquent des convoyeurs de fonds et entament une cavale sanglante, fuyant la police et leur condition de prolétaire. Portées par le rejet commun d'un avenir déterminé, ces trajectoires divergentes seront amenées à se croiser, non sans exhumer de grandes souffrances laissées au passé. Tous apprendront, le temps d'un brûlant été, que l'innocence a une fin, contrairement à la violence.