Île haute, île redoutable, île de lumière, Ouessant apparaît comme une figure de proue à la pointe la plus occidentale de la Bretagne. À son bord s'est développée lentement une civilisation originale...
L'île d'Ouessant (ou Enez Eussa en breton), à cause des vingt kilomètres de mer hérissés d'îlots et de récifs qui la séparent de la « Grande Terre », parcourus par de dangereux courants marins, a longtemps constitué un isolât presque parfait. À son bord s'élabora une culture singulière. Ici, rien n'était comme ailleurs. Les hommes partaient naviguer au loin, confiant l'île et son austère société agricole aux femmes, sanglées dans leur corselet, enveloppées dans de longues jupes brunes, marchant vite, les rubans du bonnet flottant au vent. Dans ces rudes parages, les naufrages faisaient partie de la vie. Et quand la mer ne rendait pas un corps, on veillait le disparu autour d'une petite croix de cire...
Ce sont tous les aspects du quotidien des insulaires d'avant la grande mutation des années 1950 qu'explore ici la géographe Françoise Péron, jusque dans ses anecdotes, avec un réel bonheur d'écriture. Première étude complète de cette société originale ancrée en plein océan, Ouesssant, l'île sentinelle est un ouvrage ethnographique de référence, avec une iconographie des plus riches, un classique indispensable enfin réédité.