«Ouvrez quelques cadavres : vous verrez aussitôt disparaître
l'obscurité que la seule observation n'avait pu dissiper.» Ce
conseil, donné par Xavier Bichat en 1801, est-il toujours
d'actualité alors que nos sociétés modernes s'interrogent sur
le sens à donner au corps mort ?
Exposition de cadavres humains, restitution de restes anatomiques
aux peuples premiers, intensification des autopsies
judiciaires..., chaque fois se pose la même question : quelle
place et quel sens faut-il donner à ces «patients atypiques», ces
morts utiles aux vivants ?
Ce regard change-t-il selon le praticien (anthropologue,
médecin, biologiste, etc.) ? Est-il influencé par la société du
moment ? S'applique-t-il dans les mêmes termes selon l'aspect et
le degré de conservation du corps ? Que peuvent nous apporter
des moines bénédictins, des étudiants béninois en médecine,
un chef de Papouasie Nouvelle-Guinée, une ancienne Kumari
népalaise ? En quoi l'autopsie sert-elle le bien commun ?
Il est aujourd'hui important, en l'absence de norme précise,
de questionner les approches généralement admises. En réfléchissant
à la place des sciences humaines dans la démarche du
praticien vis-à-vis du corps mort, ce livre remet au centre des
préoccupations le respect dû au cadavre comme aux familles.
Et c'est ainsi que le praticien (et a fortiori l'archéologue, l'anthropologue
et le médecin légiste) peut redonner une identité
à l'individu.