Pierre Matisse et Joan Miró
Trente-cinq ans de collaboration [...]. C'est toute une vie et certainement toute la mienne. Et c'est pour cette raison que je tiens à vous réassurer de mon entier dévouement à vous, à votre oeuvre et à votre famille et vous prie de disposer de moi si je puis vous être utile en quoi que ce soit. (Pierre Matisse à Joan Miró, 6 mars 1967)
Ouvrir le feu
: c'est en ces termes que Joan Miró, en 1934, exhorte Pierre Matisse, galeriste à New York et, depuis peu, marchand du peintre catalan, à « mener une campagne courageuse et efficace » pour imposer son oeuvre aux États-Unis.
Il y a bien quelque chose d'épique dans la monumentale correspondance de ces deux hommes, réunie ici pour la première fois. Intercontinentale, couvrant cinquante années, elle offre, au-delà du reflet d'une intense collaboration, le témoignage d'une amitié retrempée aux vicissitudes du siècle. Triomphe du fascisme en Europe, guerre d'Espagne, deuxième guerre mondiale ; affirmation de New York comme nouveau pôle artistique planétaire, éclipse de l'École de Paris, avènement de l'expressionnisme abstrait... À travers ces événements s'affirme, et ne se dément jamais, une relation de confiance qui contribuera de façon décisive à la reconnaissance mondiale de l'oeuvre de Miró.