Première version française en vers d’un des plus importants textes latins par l’un des plus grands poètes français du premier XVIe siècle, le Premier Livre de la Metamorphose de Clément Marot pose la triple question des origines, des techniques et de la valeur de la traduction littéraire en France. Le geste de Marot au service d’Ovide relève d’une déontologie qui pourrait être celle d’un traducteur d’aujourd’hui, mais se distingue aussi bien des pratiques antérieures (Ovide moralisé) que des réalisations postérieures (Amyot, Belles infidèles). Grâce à l’exploitation d’une version manuscrite éditée pour la première fois et disponible en ligne, l’étude systématique du texte met en évidence d’importantes variations dans les manières adoptées par Marot et révèle leur cohérence profonde. La critique littéraire a su depuis longtemps décrire des versions « belles, parce qu’infidèles ». Il importe donc tout particulièrement de rendre justice à une traduction « belle, parce qu’aussi peu infidèle que possible ».