«Pendant ces quelques jours, chaque fois qu'il
admire les cerisiers il prie pour l'âme des disparus,
il pense à son père, à son neveu, à tous ceux qui
sont morts depuis des millénaires, à ceux qui hélas
mourront encore pendant des millénaires puisque
la règle ici-bas est de céder sa place après un temps
donné, la règle folle de l'humanité c'est chacun son
tour. Au moins, pendant cette petite semaine de
floraison des prunus, le temps ferme sa boucle et
une petite poignée de vivants se recueille pour
permettre à des milliards de morts d'aspirer
quelques bouffées d'air frais. Les disparus ressuscitent
sur les branches des arbres et jouissent du
soleil et du ciel. Puis le vent, lentement, rend leur
âme à la terre : les fleurs tombent.»
Ce roman est inspiré de la vie du cinéaste japonais
Yasujirô Ozu (1903-1963), qui a réalisé notamment
les films Voyage à Tokyo (1953) et Le goût du saké (1962).