«An de grâce Un. Année de l'enfant djinn ! Ce fut celle de la danse impossible.
La danse des grands sorciers et des grands initiés : tu refuses de danser,
tu meurs. Tu fais un faux pas, tu trépasses.
Seuls les Anciens possédaient les pas de cette danse-là ! Mais les
Anciens s'en étaient allés. Avec tous leurs secrets. Dépités d'un monde qui
n'était plus le leur. Auquel ils ne comprenaient plus rien ! Un monde comme
un pagne de femme coquine, jamais véritablement noué, et à dessein pour
embêter les hommes !»
Ousmane Diarra nous donne ici non seulement le roman d'un continent
- et sans doute le plus africain des romans, comme Céline, avec Voyage au
bout de la nuit, nous donnait le plus populaire des romans - mais, dans le
style réinventé des griots, en un tour de force, une recréation unique, il nous
tend l'image tumultueuse de notre monde... Quand s'entrouvre un pagne
de femme, un flot de désirs et de paroles nous submerge ; quand s'ouvre ce
roman, c'est une crue pleine d'humour, de violence et d'espoir malgré tout,
pleine d'autodérision qui nous ballotte jusqu'au vertige dans notre condition
inhumaine... Amours, haines, folies... «C'est, dit l'auteur dans son avant-propos,
la fin de toute raison, de toute dignité. La fin de toute humanité. La
fuite en avant. Tant vers l'étranger que dans le mensonge, l'hypocrisie. Dans
la rapine. Dans le crime tous azimuts... Sans états d'âme.»