Dans l'Italie glaciale de 1943, alors que les troupes allemandes battent
en retraite, une patrouille américaine est envoyée en reconnaissance
dans la montagne. Pendant deux jours et deux nuits, ces hommes vont
endurer le froid, la fatigue et surtout la peur : peur de se perdre dans ce
labyrinthe boisé, d'être trahis par leur guide, surpris par les tireurs
embusqués. Et puis ils sont hantés : par la nostalgie d'un temps de paix
de plus en plus irréel, et par la culpabilité face au crime de guerre qu'a
commis leur sergent, alors que leur parvient la rumeur des massacres.
Peuvent-ils conserver leur dignité morale ? Peuvent-ils même espérer
survivre ?
Ce huis clos en plein air s'inscrit dans la prestigieuse lignée des récits
de guerre américains. En maître de la forme brève, Richard Bausch
excelle à rendre la tension permanente, l'impression de chaos, la réalité
concrète des sensations, dans un style nerveux, lapidaire, inventif, tout
en aspérités. Rarement a-t-on vu restituée de façon aussi palpable l'expérience
indicible des soldats. Et si ce cauchemar hivernal est ancré dans
un contexte historique précis, sa puissance et son intensité lui donnent
une portée universelle. Moraliste et humaniste, Bausch nous parle, avec
Paix, de la guerre. De toutes les guerres. Et il nous livre, du même coup,
son meilleur roman.