En un peu plus d'un siècle, entre 1780 et 1920, le voyageur
s'est métamorphosé. Les savants et les curieux de l'âge classique,
gênés par les difficultés du déplacement et convaincus de la
nécessité de partir pour connaître, se sont progressivement
effacés. À leur place sont apparus des individus d'abord soucieux
de jouissances sensibles et n'imaginant pas toujours que le
voyage soit le meilleur moyen de faire avancer la science. Les
raisons de ce changement sont multiples : techniques, politiques,
industrielles, sociales et, peut-être avant tout, culturelles. Car une
pratique originale du monde finit par tout emporter : celle que
résume la figure du touriste, ses innombrables avatars (alpiniste,
aventurier, baigneur, curieux, excursionniste, flâneur, globetrotter,
plaisancier, plaisirain, poète, sportsman, vélocipédiste,
villégiateur) et son lot de déceptions inévitables. Tombouctou,
c'était donc cette ville triste et pauvre où, dit René Caillié,
on n'entend pas le chant d'un seul oiseau. Bien d'autres, qui
n'allèrent pas si loin, pensèrent alors semblablement.
Fort d'une méthode originale, Panorama du voyage propose,
pour une époque cruciale, un inventaire passionnant de la totalité
des façons de pratiquer et de se représenter le voyage.