En ouvrant ce livre vous franchissez les portes de l'enfermement, vous libérez du silence qui les emprisonne et de l'indifférence qui les condamne, les exclus de Bruxelles. Cachés au coeur des murailles, tels les trois plaies de la ville, l'enfer des autres se trame en prison, en psychiatrie et dans les hospices. Le mal cohabite avec les citadins et la frontière est floue, intégrée à une proximité immédiate qui pourtant accentue la démarcation, les différences entre eux et nous. Une prison à Forest, une autre à Saint-Gilles: des homes pour personnes âgées et des instituts psychiatriques dans chaque quartier, mais cependant, rien ni personne ne songe à nous rapprocher de ces zones d'ombre.
Les photographies de Valérie Carro suggèrent plus qu'elles ne donnent à voir et offrent toute liberté d'interprétation et d'imagination à celui vers qui elles se tendent. Bruxelles émiettée, ébréchée, éparpillée au travers des barreaux d'une cellule, d'une fenêtre de l'hospice Pachéco ou d'une toile de ciel par-dessus la cour de l'Institut Titeca...