L'adolescence est un âge contradictoire ou le rejet de l'adulte
est à la mesure du besoin que l'adolescent en a, analyse
Philippe Jeammet.
Les conflits naissent de la tension entre la peur de l'abandon et
l'angoisse d'intrusion du jeune. Ce paradoxe peut pousser certains
adolescents à la destructivité comme créativité du pauvre,
c'est-à-dire de celui qui se sent impuissant. Avant de s'effondrer,
de disparaître, un acte de vie, prométhéen en quelque
sorte, reste toujours possible : détruire !
« Je n'ai pas choisi de naître » disent les adolescents qui ont
des comptes à régler avec leur filiation ; mais je peux choisir
de mourir », déclarent-ils, affirmant par là une radicale différence
avec ceux qui leur ont donné la vie et leur pouvoir démiurgique
de refuser ce dont ils ont hérité et qu'ils n'ont pas choisi au profit
d'une destruction qui leur appartient.