Le film de Carol Reed Le Troisième Homme hante ce
roman qui nous plonge dans le monde opaque de l'après-guerre.
On y retrouve même, sous les traits d'un trafiquant
mégalomane, l'ombre d'Orson Welles traqué par un
ennemi invisible. Nous sommes en Espagne en 1949, dans
une ville de garnison pyrénéenne glaciale et enneigée où les
officiers et leur famille vivent en vase clos. Quand des
libelles anti-franquistes écrits sur des billets de banque
chinois font leur apparition jusque sur le bureau du colonel,
l'atmosphère s'épaissit. Le soupçon d'une conspiration
royaliste déclenche une enquête qui finira dramatiquement.
Tout cela est enregistré par l'oeil - aussi impartial
qu'une caméra - d'un jeune garçon qui découvre en même
temps que les trahisons des adultes, l'éveil de la sensualité.
Et pendant les vacances qu'il passe à Majorque dans la belle
maison ensoleillée de ses grands-parents, le sentiment
d'être seul devant un mystère impénétrable ne fera que
s'accentuer.