La Hongrie représente une exception en matière institutionnelle.
En effet, dans une Europe qui vit le déclin des diètes, la Hongrie fut,
avec l'Angleterre, le seul pays à maintenir un Parlement bicaméral et
le seul pays viscéralement et immuablement parlementaire dans la
Monarchie autrichienne. L'Assemblée nationale de l'Ancien régime
servait à la fois de contre-poids au pouvoir du souverain, de source du
droit public et privé, de lieu de rencontre des dignitaires, des grands
commis et des notables comme aussi de centre de formation des futurs
politiciens. Le régime d'Assemblée de 1848-1849 et de l'époque du
dualisme reposait donc sur des fondations solides, bâties au fil des
siècles. Cependant, l'institution parlementaire hongroise, un des
foyers du libéralisme européen du XIXe siècle, n'a pas su relever le défi
démocratique. S'étant aliéné les nationalités non hongroises qui formaient
la moitié de la population, la Hongrie historique a été emportée
par le cataclysme de la Guerre de 1914-1918.
Les auteurs se sont partagé la tâche selon un plan strictement chronologique,
en fonction de leur spécialisation. À Jean Bérenger est
revenue l'étude des XVIIe et XVIIIe siècles, tandis que Charles Kecskeméti
prenait le relais pour l'étude d'un très long XIXe siècle.
Cet ouvrage est la première synthèse de l'histoire parlementaire
hongroise. Tout en tenant compte des acquis de la littérature historique
hongroise, il est fondé sur des sources d'archives hongroises et
étrangères, des publications parlementaires, des éditions de textes et
des dépêches de diplomates en poste à Vienne et à Budapest.