La guerre du Kosovo, un traumatisme, un de plus dans cette longue lignée de conflits qui creusent nos mémoires.
À l'origine de ce texte, trois photos. Celle d'un vieil homme assis sur une chaise au milieu de ruines, le regard accroché sur un lointain sans horizon, un manège aux chevaux de bois déglingués, un enfant tendant ses mains ouvertes à des flocons de neige. Trois photos et un destin brisé, celui de Todor Bogdanovi(...).
La nuit du 20 août 1995, Todor est dans la voiture de sa famille qui fuit la guerre. Il a huit ans, il est Serbe et Rom et va mourir, touché au thorax par les balles d'un policier à la frontière franco-italienne.
J'ai écrit Parole de papillon avec l'idée absurde et vitale de réparer les tissus des histoires déchirées.
Ton nom ? Tu viens de quel village ? Tu es Albanais ? Serbe ? Rom ? Où sont tes parents ? Les douches sont dans la tente verte, au fond à droite. Pourquoi tu ne dis rien ? Tu ne comprends pas ? Tu n'as pas de chaussures ? On t'a maltraité ? Quelle langue tu parles ?
À la recherche de son grand frère, seul dans la tourmente Todor suit un papillon blanc. Il marche et rêve. Demain, il retournera au village ensemencer les terres ruinées par la guerre.