Dans ma famille, on n'était pas des voyageurs. On avait plutôt tendance à s'ancrer au port, à prendre racine dans la sécheresse de la terre: les seuls voyages jamais entrepris s'appelaient exil ou déménagement, et comme on ne connaissait pas les vacances, partir n'était qu'une source d'ennuis, jamais une réjouissance. À l'étroit dans une culture familiale sédentaire, j'ai ressenti l'urgence du départ à l'adolescence.
Tout à coup, à quatorze ans, je me suis mis à bouillonner. Alors que rien ne m'y prédisposait, je voulais partir.