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Pendant vingt-cinq ans, Michèle Ouimet a parcouru la planète. Du Rwanda à l’Arabie saoudite, en passant par l’Iran, le Pakistan, l’Afghanistan, la Syrie, le Mali, l’Égypte, elle a couvert les guerres, les révolutions, les désastres naturels. Elle nous donne ici le passionnant récit de sa carrière de grand reporter international, nous laissant voir les coulisses du métier. Comment réussit-on à cacher qu’on est journaliste dans l’Iran des ayatollahs? Comment trouve-t-on un bon fixer, cet accompagnateur essentiel, à la fois tête chercheuse, traducteur et garde du corps? Comment fait-on pour se déplacer quand il fait quarante degrés et qu’on porte non seulement une veste pare-balles qui pèse dix kilos, mais aussi une burqa qui permet à peine de voir à quelques mètres devant soi? Comment arrive-t-on à maîtriser sa peur quand pleuvent les bombes, quand les snipers sèment la mort, quand la foule s’affole sur la place Tahrir, quand il faut enjamber les cadavres pour arriver à faire correctement son boulot? Michèle Ouimet évoque avec sensibilité la camaraderie avec les compagnons de danger, le serrement au cœur quand on pense à l’amoureux et à l’enfant qu’on a laissés derrière soi. Elle parle des difficultés d’être une femme dans un milieu d’hommes, pas seulement les mollahs qu’il faut interviewer, mais aussi les patrons de presse. Elle nous dit ce qui, pendant toutes ces années, l’a poussée à partir malgré tout : l’urgence d’aller sur le terrain pour parler de la misère et de l’absurdité de la guerre, de recueillir des témoignages, de mettre un visage sur les atrocités pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli, ce grand trou de l’histoire qui masque nos consciences. Au cœur de son récit, il y a la rencontre de l’autre, au-delà des grands titres, des préjugés et des peurs. Elle, québécoise, féministe, athée, nous entraîne sous la tente de seigneurs de guerre et sur les traces de djihadistes qui refusent de la regarder parce qu’elle est une femme. Victimes ou bourreaux, guerriers habités par une vision de Dieu ou de la justice, ou encore civils cherchant simplement à mener une vie paisible entourés des gens qu’ils aiment, elle rend à chacun et chacune toute sa part d’humanité, nous fait saisir de quoi est faite la vie de ces gens avec qui nous partageons la planète.